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B >> Le Confort
2 / L’Architecture et le Confort.
C’est ici la base de tout confort, la conception architecturale
a, au fil du temps, évoluer dans ce sens. Et le seul examen des
plans permet de connaître la conception que ce fait l'architecte
de la vie familiale et de la vie sociale. Mais il est bien évident
que ce n'est pas le plan qui commande la mentalité, mais la mentalité
qui commande le plan. De sorte que l'évolution des plans des châteaux
et des résidences nous permet de suivre l'évolution de la
mentalité des époques auxquelles ils ont été
construits.
Dans les éléments que rassemble l’architecture certains
sont plus disposés à l’amélioration du bien
être de l’occupant.
2.1 / Les matériaux.
Le matériau a un rôle considérable dans le confort
de la maison; de plus, les progrès réalisés en cette
matière sont de date si récente que la plupart des immeubles,
même et surtout s'ils sont construits entre 1945 et 1960, sont faits
de matériaux perméables à la chaleur ou au froid,
et au bruit; les progrès des techniques du gros œuvre ont
été pendant près d'un siècle à l'encontre
des progrès du confort.
Chaque élément constructif de l’habitat peut contribuer
à l’amélioration du confort de ses occupants. Que
ce soit pour les sols, les murs ou les cloisons, le choix des matériaux
et des couleurs ont une conséquence sur l’ambiance des espaces
et donc sur le métabolisme humain.
Autrefois, les couleurs et la lumière s’harmonisait au hasard,
ou selon le goût personnel de la fantaisie. A l’heure actuelle,
quelques lois simples commencent à se dégager ; ces
lois laissent une immense place au choix individuel, donc aux conceptions
intellectuelles et artistiques de chacun d’entre nous (le contraire
serait à la fois psychologiquement insupportable et scientifiquement
absurde) ; mais la connaissance de quelques réalités
objectives évite bien des égarements et des déceptions[1].
2.2 / Les fenêtres et la lumière
L'emploi des vitres marque une révolution dans l'histoire de l'humanité
: la vitre a en effet permis d'ouvrir largement la maison sur l'extérieur,
et de faire bénéficier l'intérieur de la lumière
naturelle.
Une autre révolution intervient ensuite, c’est l’apparition
de l’électricité dans les logements permettant ainsi
de créer une lumière artificielle.
Aujourd’hui, nous connaissons avec assez d'exactitude les besoins
de l'œil humain. Une harmonie convenable peut donc être scientifiquement
créée par le mariage de la lumière et de la couleur :
l'éclairage le plus satisfaisant doit donner le plus possible l'impression
de lumière que l'on reçoit à l'ombre par un beau
jour d'été.
2.3 / Le climat sonore; le calme, la lutte contre le bruit.
La lumière et l'harmonie des couleurs sont nécessaires aux
tâches usuelles de la vie familiale et favorables à la vie
intellectuelle; mais un autre facteur est plus précieux encore
: le silence.
Le bruit est peut-être la chose la plus nuisible de la vie urbaine,
il empêche le sommeil ou réduit son efficacité, augmente
la fatigue nerveuse, diminue le rendement. Chez certains hommes, le bruit
engendre une vive souffrance et paralyse la pensée créatrice[2].
2.4 / Le climat thermique.
2.4.1 /le chauffage.
L'éclairage et l'insonorisation peuvent apporter à l'homme
dans sa maison urbaine la lumière et le silence de la campagne.
Le chauffage permet de prolonger les conditions du printemps et l'organisme
peut ainsi se soustraire à cette lutte contre le froid qui restreint
presque toutes les activités, et surtout les activités intellectuelles,
dès que la température tombe au dessous de 10°.
La vie des hommes primitifs était possible seulement dans les pays
de climat « tempéré ». Avec l'art
du feu commença la vie artificielle, dont les progrès furent
très lents, car il y a peu de différence entre le feu des
tribus de la préhistoire et la cheminée du siècle
de Louis XV.
Ensuite l'évolution devint rapide; en quelques décades,
une véritable technique du chauffage fut constituée, qui
a permis la création d'appareils de plus en plus efficaces, l'utilisation
de nombreuses formes d'énergie calorifique, et l'adaptation de
la température ambiante aux diverses activités de l'homme.
Les moyens techniques pour garantir à l'homme une température
qui corresponde à ses besoins sont de plus en plus nombreux et
pratiques. Mais il est essentiel de prendre conscience clairement du but
poursuivi par le chauffage des appartements et de savoir qu'une température
parfaite en un lieu, peut être pénible, malsaine, ou dangereuse
en un autre. Il faut toujours se rappeler que l'homme a besoin de variétés
et de réactions. On connaît maintenant les températures
idéales correspondant aux principales activités humaines.
Il est essentiel de se rappeler toujours que le confort n'est pas fait
pour un homme théorique et abstrait, mais pour chacun d'entre nous,
qui avons de si précises et si imprévisibles réactions
individuelles[3].
2.4.2 / La climatisation.
L'efficacité des moyens de lutte pour l'existence a étendu
la surface habitable de la terre. L'amélioration du climat intérieur
des maisons par le chauffage rend possible le séjour dans des pays
froids et permet d'y porter la civilisation ; de même par la
réfrigération, les climats tropicaux difficilement supportables
pour les européens deviennent également habitables. Mais
cette climatisation, du fait de son coût de plus en plus abordable,
s’installe progressivement dans l’habitat des pays tempérés
pour améliorer cette fois le confort de ses occupants et non plus
seulement de lui permettre de s’y installer.
Telles sont les lignes générales de l'évolution qui
porte l'homme à se créer un climat autonome, aussi proche
que possible des conditions optima de son existence, et par conséquent
aussi indépendant que possible des conditions qui prévalent
réellement dans le milieu extérieur, et qui sont si fréquemment
défavorables ou hostiles. On voit que cet effort de l'homme tend
à transformer sa maison d'abri passif qu'elle était, à
l'origine, en machine active, non seulement protégeant du milieu
extérieur quand il est hostile, mais créant, et entretenant
d'une manière permanente, un milieu aussi favorable que possible,
c'est-à-dire aussi humain que possible. Ainsi la machine a pour
objet d'humaniser la nature, c'est-à-dire de la contraindre à
garantir durablement l'exercice des plus rares facultés intellectuelles
et morales qui soient données aux êtres vivants[4].
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Suite
[1] Jean et Françoise Fourastier,
Histoire du Confort, Presses Universitaires de France, 1962, Éditions
Que-sais-je ?
[2] Jean et Françoise Fourastier,
Histoire du Confort, Presses Universitaires de France, 1962, Éditions
Que-sais-je ?
[3] Jean et Françoise Fourastier,
Histoire du Confort, Presses Universitaires de France, 1962, Éditions
Que-sais-je ?
[4] Jean et Françoise Fourastier,
Histoire du Confort, Presses Universitaires de France, 1962, Éditions
Que-sais-je ?
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