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D >> La Gestion Active du Confort
6 / État de la recherche, le futur réside dans les
nouveaux matériaux ou « matériaux intelligents ».
« Pour les amateurs de ski, cette affaire-là a
tou¼jours été un casse-tête : quel anorak choisir
ne pas transpirer en dévalant les pistes, ni geler en les remontant
en télésiège ? La question est aujourd'hui résolue
: il faut enfi¼ler un blouson «thermorégu¼lant». Les
fibres high-tech de ce textile dernier cri sont en effet bourrées
d'une sorte de paraf¼fine qui possède la propriété
de passer de l'état liquide (lors¼qu'elle absorbe des thermies)
à l'état solide (quand elle les rend). Grâce à
quoi, ces vête¼ments emmagasinent de la cha¼leur lorsque le corps
du slalo¼meur en émet, pour la lui restituer quand il se refroidit.
Autant dire génial.
Mais pas exceptionnel. Mis au point par l'américain Oulast et le
suisse Schoeller, ce pro¼cédé préfigure en fait toute
une génération de matériaux dits «intelligents».
Leurs caractéris¼tiques : réagir aux changements de température,
aux sollicita¼tions mécaniques, à la modifi¼cation de la
pression, ou encore être capables de transmettre de l'information
vers l'extérieur. En général, il s'agit de compo¼sites
intégrant à une matière de base des éléments
électro¼niques ou des particules. Mais ils pourront être
également de nature biochimique, fabriqués, le cas échéant,
à partir d'orga¼nismes génétiquement modi¼fiés.
«La rencontre de l'univers des matériaux avec le monde du
vivant ouvre d'immenses pers¼pectives», estime Jean-François
Baumard, responsable du pro¼gramme Matériaux au CNRS - le deuxième
plus gros budget du Centre. Certaines de ces innovations ont déjà
fait leur apparition dans les industries de pointe, comme le Glare, un
mélange de fibre de verre et d'aluminium avec lequel sera construit
le fuselage du futur A380 d'Airbus. A terme, elles bouleverseront presque
tous les secteurs industriels ».
6.1 / Matériaux intelligents, définition.
Un matériau intelligent est sensible, adaptatif et évolutif.
Il possède des fonctions qui lui permettent de se comporter comme
un capteur (détecter des signaux), un actionneur (effectuer une
action sur son environnement) ou parfois comme un processeur (traiter,
comparer, stocker des informations). Ce matériau est capable de
modifier spontanément ses propriétés physiques, par
exemple sa forme, sa connectivité, sa couleur, en réponse
à des excitations naturelles ou provoquées venant de l'extérieur
ou de l'intérieur du matériau. Par exemple des variations
de température, des contraintes mécaniques, de champs électriques
ou magnétiques. Le matériau va donc adapter sa réponse,
signaler une modification apparue dans l'environnement et dans certains
cas, provoquer une action de correction.
6.2 / Les vitrages « intelligents ».
Aujourd'hui, le recours à la transparence, avec l'architecture
de verre, n'est-il pas la réponse à tous ceux qui, sous
prétexte d'économiser l'énergie, auraient supprimé
la majeure partie des parois vitrées ?
On peut relever, parmi les demandes actuelles en matière de façade,
quelques éléments durables. Ainsi, pour ce qui concerne
la relation avec la matière, on constate une tendance à
rechercher des matériaux lisses et peu salissants, Si possible
présentant des reflets variables. Le vitrage auto-nettoyant, aujourd'hui
en cours de développement, pourrait bien se généraliser
sur les immeubles tertiaires dès qu'il sera économiquement
abordable sur de grandes surfaces. Ce procédé repose sur
le principe de la photocatalyse. L'oxyde de titane déposé
en couches minces sur le vitrage agit sous l'action des rayons ultra-violets
et catalyse la réaction de dégradation des matières
organiques. Privées de support, les poussières accrochées
à ces composés tombent également et les gouttes d'eau
peuvent glisser sur le verre qui a retrouvé une surface lisse.
Dans le domaine des vitrages isolants, sous l'impulsion de la demande,
on obtient aujourd'hui des performances exceptionnelles en utilisant des
couches invisibles mais réfléchissantes au rayonnement énergétique
(peu émissives) et des gaz. Les coefficients de transmission thermique
des vitrages sont alors divisés par deux.
6.2.1 / Commander la transparence des vitrages :
Les composants de l'enveloppe évoluent depuis quelques années
vers un rôle plus actif, plus intelligent, c'est-à-dire réceptifs
à leur environnement. Parmi eux, la paroi vitrée joue un
rôle vedette. L'examen des différentes fonctions à
remplir révèle des difficultés et même des
contradictions pour les satisfaire simultanément, ou même
successivement.
Et Si les vitrages devenaient actifs ? Si leur transparence pouvait varier,
être commandée en fonction des besoins ?
La propriété de base des matériaux à transparence
variable est de présenter une modification importante de leurs
propriétés optiques en réponse à un changement
d'intensité lumineuse ou de composition spectrale, à une
variation de température, à un champ électrique ou
à une injection de charges électriques. Les matériaux
"photochromes" voient leurs propriétés optiques
changer quand ils sont exposés à la lumière. Ils
reviennent à l'état initial quand l'exposition s'arrête.
Les propriétés optiques des matériaux "thermochromes"
changent quand la température augmente et ils retrouvent leur état
Initial lors du refroidissement.
Les systèmes à cristaux liquides réagissent à
un champ électrique. Les molécules de cristaux liquides,
de forme allongée (phase nématique) ont une tendance naturelle
à s'aligner dans une direction donnée. Lorsqu'elles sont
soumises à un champ électrique, elles s'orientent dans une
direction précise qui peut faciliter le passage de la lumière.
Il n'y a pas de mémoire, le temps de réponse est très
rapide. Les systèmes électrochromes sont les seuls à
présenter un effet mémoire. Il s'agit d'une cellule électrochimique
multicouche dont l'un des éléments passe de l'état
absorbant (coloré) à l'état transparent (clair) sous
l'effet d'une sollicitation électrique. Deux options sont possibles
pour le fonctionnement de systèmes électrochromes installés
dans un bâtiment : la commande locale ou la commande centralisée.
Le cas des vitrages électrochromes est le premier exemple d'élément
d'enveloppe à propriétés variables, à caractère
dynamique. Il constitue un cas d'école pour étudier et,
si possible, prévoir et préparer les modifications dans
les métiers d'installateur, les évolutions dans les pratiques
des usagers. Sur le plan domotique, on pourra chercher à intégrer
la transparence variable parmi les paramètres d'une gestion optimale
de la thermique et des consommations énergétiques en général.
« … mais tout aussi technologique, la baie vitrée
du salon du XXIe siècle sera en verre «électrochrome».
Une simple pression sur un interrupteur électrique suffira à
la faire chan¼ger d'opacité (on «étein¼dra»
la vitre au lieu de tirer les rideaux) et elle sera extrê¼mement
iso¼lante, grâce à l'introduction d'un «aérogel
de silice». Les Bureaux d'études de Saint-Gobain planchent
déjà sur cette merveille. Notre future villa abritera encore
des bouches de chauffage en plas¼tique à mémoire, qui s'ouvriront
ou se fermeront toutes seules en fonction des variations de la température,
et le tissu de ses canapés sera antipoussière »[1].
6.3 / Les façades « intelligentes ».
« Les façades verront leurs performances augmenter,
en particulier leurs performances énergétiques, passives
ou actives, variables ou non »[2].
Désormais indépendante de la structure, l'enveloppe joue
le rôle d'une peau où s'effectuent les échanges entre
l’intérieur et l'extérieur du bâtiment. Elle
intègre les fonctions d'éclairage, de transferts thermiques
et acoustiques, de ventilation. A la recherche d'une plus grande transparence,
les architectes peuvent faire appel à une batterie de solutions,
comme les nouvelles utilisations du verre (poutres en verre, verres extérieurs
collés, verres extérieurs attachés, verres sérigraphiés,
...) mais aussi de nouveaux matériaux comme les aérogels
de silice pour réaliser des isolants transparents ou encore les
verres électrochromes.
« Tout en s'amincissant, les parois seront de plus en plus
composées de plusieurs couches. Pour satisfaire les demandes d'amélioration
du confort, un seul matériau ne suffit plus. L'alchimiste moderne
sera celui qui transformera les matériaux d'aujourd'hui en une
matière porteuse et résistante, stable dimensionnellement,
isolante thermiquement, isolante aux bruits, insensible au feu, imperméable
à l'air et à l'eau, n’émettant ni fibre, ni
poussière, ni gaz, pouvant stocker ou émettre de l'énergie,
…
Il se passera encore beaucoup de temps avant que l'on découvre
ce matériau ! »[3]
L’enveloppe « agit » de plus en plus :
Jusqu'à maintenant, le fonctionnement de la façade est resté
relativement passif les performances sont fixées une fois pour
toutes à la conception et ne sont modifiables qu'avec une intervention
externe. Seule exception : la baie. Avec l'ouverture des vantaux,
les volets, les rideaux, elle peut jouer sur la plupart des propriétés
de confort : aération, visuel, thermique d'hiver et d'été,
protection de l'intimité.
Cependant, depuis quelques années, à la fois pour permettre
le progrès et mieux assister l'occupant, grâce à l'informatique
et à la motorisation, on assiste au début d'un changement :
les façades s'équipent et deviennent « actives ».
On peut citer de nombreux exemples : la motorisation des fermetures
ou les vitrages pressurisés. On ira beaucoup plus loin dans les
années à venir.
Les performances des parois seront variables automatiquement ou de façon
commandée dans le domaine de la transparence, de la perméabilité
à l'air et à la vapeur, de l'isolation thermique.
Les façades feront également appel à des matériaux
dont la fonction est déclenchée uniquement en cas de besoin,
par exemple dans le secteur de la sécurité avec l'irrigation
des structures, le bris du vitrage provoqué en cas de rupture du
collage, les barrières anti-feu se mettant en place au moment de
l'incendie pour ne pas gêner les autres fonctions de la façade
(par exemple au moyen de produits expansifs dans les cannelures de drainage),
…
6.4 / La maison sans chauffage.
A l'avenir, et sous nos climats, les résultats de l'ensemble des
efforts de la maîtrise de l'énergie dans les bâtiments
auront pour effet une diminution considérable des besoins de chauffage.
La maison passive, une forme intelligente de la maison presque sans énergie
thermique, repose déjà sur une formule très simple,
les déperditions de chaleur sont réduites afin que les sources
de chaleur internes (personnes, appareils électriques et d'éclairage)
et l'énergie solaire reçue par système passif grâce
aux fenêtres orientées au sud suffisent presque à
chauffer les pièces. Elle conduit à envisager une nouvelle
stratégie d'adaptation des équipements. Un système
de chauffage qui représente un investissement lourd n'étant
plus rentable, une réduction des coûts sera recherchée
grâce à la combinaison de fonctions.
La fenêtre faiblement émissive et chauffante en est un exemple,
la couche peu émissive de la fenêtre devenant une résistance
chauffante. Le recours à des revêtement décoratifs,
chauffants ou non, déjà connus, est également une
solution, de même que les parois conductrices (béton renforcé
par des charges métalliques ou des polymères conducteurs)
ou les parois « micro-ondes ».
Cependant, le développement de certaines de ces solutions suppose
l'émergence de nouveaux dispositifs de sécurité des
personnes et un meilleur contrôle des rayonnements électromagnétiques.
6.5 / Les biotechnologies aux commandes.
La métrologie domestique fera largement appel aux biotechnologies
avec les capteurs bio-sensibles qui évalueront par exemple la qualité
de l'air. Ces biotechnologies, déjà largement exploitées
dans l'assainissement centralisé des eaux usées, pourront
se développer dans des moquettes qui digèrent les acariens.
Les biomatériaux seront employés pour l'autoréparation
des bâtiments. Les matériaux à mémoire de forme,
qui reviennent à leur forme initiale après une sollicitation,
trouveront aussi des applications dans l'autoréparation des murs
fissurés ou la réalisation de serrures sans clés,
actionnées par une simple commande électrique, …
6.6 / Récapitulation …
« Mais les murs eux-mêmes et les cloisons faits de matériaux
intelligents vont être capables de fonctions et de propriétés
qui vont révolutionner le bâtiment dans les années
à venir. Reliés à des capteurs, à des systèmes
électroniques et à des robots domestiques, ces matériaux
vont bouleverser notre façon de vivre dans les maisons de demain.
À la différence des matériaux passifs capables de
lutter contre le bruit ou contre la perte de chaleur (comme le liège
ou la laine de verre), les matériaux intelligents pourront s'adapter
à leur environnement comme une « peau »
sensible. Par exemple, absorber l'humidité ou au contraire vaporiser
de l'eau, comme un humidificateur. Ou encore créer une ventilation
quand la température atteint un certain niveau, détruire
des odeurs gênantes, tuer des bactéries ou éliminer
des acariens dans des tentures ou des moquettes susceptibles de provoquer
des allergies chez les occupants d'une pièce ; assombrir un vitrage
quand la lumière devient trop forte et même, dans certains
cas, être capable d'éliminer les vibrations, voire du bruit,
par production d'un antibruit ou d'antivibrations neutralisant la gêne
incidente. Il existe déjà des tables ou des cloisons expérimentales,
sensibles à la proximité de la main et capables d'afficher
par transparence l'équivalent d'un écran d'ordinateur ou
de projections multimédia. Des capteurs biométriques sont
susceptibles de détecter la présence humaine et même
de reconnaître précisément quelles personnes entrent
dans une pièce en fonction de certains paramètres biologiques
spécifiques. Les bâtiments ressemblent à des organismes
vivants dotés d'un squelette, de muscles, d’un système
nerveux, ou d'un cerveau. Les personnes habitants dans ces espaces vivent
ainsi et en symbiose avec leur environnement »[4].…
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Suite
[1] Capital, n°119 – août
2001 – p. 52-53 : 21 révolutions pour le 21ème
siècle – Technologie – Des matériaux intelligents
du sol au plafond. http://www.capital.fr
[2] Le bâtiment demain et après-demain,
Édité :CSTB (Centre scientifique et Technique du Bâtiment)
— 1998.
[3] Le bâtiment demain et après-demain,
Édité :CSTB (Centre scientifique et Technique du Bâtiment)
— 1998.
[4] Joël de Rosnay - Directeur
de la Prospective et de l'Evaluation. Cité des Sciences et de l'Insdustrie
– Paris – Le Carrefour du futur, Les matériaux intelligents
–
Article complet disponible à :
http://csiweb2.cite-sciences.fr/derosnay/articles/utls_conf.html
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