D >> La Gestion Active du Confort
4 / La gestion des ambiances acoustiques.
L'acoustique active se développe aujourd'hui pour corriger les
salles de concert qui présentent une défaillance acoustique
ou encore pour simuler le volume d'une salle lors d'un concert à
l'extérieur. Des microphones et des enceintes, reliés par
un système électronique et commandés par ordinateur,
augmentent le temps de réverbération des sons. Les procédés
de réduction active du bruit sont employés pour atténuer
les bruits dans des espaces réduits où la pose de matériaux
isolants pourrait s'avérer trop encombrante ou trop lourde : la
distribution d'air dans les TGV et les avions, par exemple.
Demain, le logement pourra bénéficier de ces techniques
pour moduler son ambiance sonore. Après l'acoustique quantitative
des années 1990-2000 qui cherche à réduire le bruit,
l'acoustique qualitative sera chargée de rendre les bruits agréables.
Véritable stimulateur de l'architecture des locaux, un outil électronique
branché sur l'ordinateur familial permettra de régler l'ambiance
pièce par pièce : feutrée ou plus ou moins sonore,
en fonction de l'humeur du moment ou de la destination du lieu. De même
que le variateur de lumière permet aujourd'hui de faire varier
l'ambiance lumineuse d'une pièce, le variateur acoustique modulera
l'ambiance sonore.
On sait aujourd'hui créer des ambiances musicales plus ou moins
performantes. On saura demain faire encore mieux avec la multiplication
des haut-parleurs et le contrôle des sons émis selon le déplacement
de l' « auditeur » et les caractéristiques
acoustiques du logement.
On peut aussi imaginer de recréer des ambiances plus complètes
associant des sons, des images, de l'éclairage, des odeurs,...
L'utilisation d'écrans plats sur les parois des pièces du
logement peut par exemple permettre de créer un paysage de forêts,
de montagne, …
Les fenêtres seront dotées de doubles vitrages actifs intégrant,
là encore, des haut-parleurs pour réduire l'épaisseur
des vitres sans perdre en isolement acoustique. Puis les haut-parleurs
nécessaires à l'acoustique active seront peut-être
remplacés par des revêtements muraux à impédance
variable. Une fois branchés, ils seront plus ou moins réfléchissants
aux ondes acoustiques, le coefficient de réflexion pouvant même
être supérieur à un, ce qui permet de produire des
sons surnaturels.
Tous les bruits des équipements de la maison seront également
travaillés, non pour les gommer mais pour les rendre agréables.
Ainsi, le ronronnement d'une chaudière est rassurant, mais le son
qu’elle produit à chaque démarrage est gênant
: ce bruit sera donc « sculpté » pour être
plus harmonieux. De même pour le moteur d'un volet roulant ou le
déclic d'un interrupteur. L'industrie des équipements techniques
de la construction travaille déjà sur le son des produits.
Comme à l'intérieur des bâtiments, l'ambiance sonore
des lieux extérieurs sera maîtrisée en diminuant l'amplitude
des sons lorsque c'est nécessaire. Et les projets d'équipements
de transport devront s'assurer de leur intégration dans l'environnement
acoustique pour avoir des chances d'aboutir car les riverains n'accepteront
plus aucune dégradation de la qualité d'ambiance. Les réglementations
seront d'ailleurs de plus en plus sévères. Pour les respecter,
les techniques routières et ferroviaires devront évoluer.
Les voies de circulation rapide s'enfonceront dans le sol sans pour autant
s'enterrer complètement dans des tunnels afin de ménager
une ventilation et un éclairage naturels et laisser un minimum
de perception de l'espace traversé aux automobilistes. Elles seront
installées dans des tranchées aux parois spécialement
profilées en cheminées pour favoriser le renouvellement
d'air et l'entrée de la lumière.
Chacun sa bulle de silence[1] :
« Héritant de techniques déjà développées
dans l’automobile et l’aéronautique, le logement pourra
également bénéficier de « bulles de silence ».
Chacun aura ainsi la possibilité de dormir la fenêtre ouverte,
même dans un environnement bruyant, si son lit est occupé
de petits hauts parleurs intégrés qui diffusent un contre-bruit
pour neutraliser les bruits indésirables. Certains sièges
d’avions en sont déjà pourvus.
Des solutions mixtes utilisant l’acoustique passive et active permettront
d’ouvrir les fenêtres sur l’extérieur pour faire
entrer l’air mais pas le bruit.
Des claustras associés à des systèmes actifs, doublant
la façade, apportent simultanément isolation acoustique
et protection solaire »..
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[1] Le bâtiment demain et après-demain,
Édité :CSTB (Centre scientifique et Technique du Bâtiment)
— 1998.
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