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C >> Domotique, présentation
2 / Le marché de la domotique, la nécessité d’une
norme, le besoin d’un standard.
2.1 / Évolution du marché
2.1.1 / Un schéma de référence toujours d’actualité
L’environnement des marchés des produits et des services
pour l’habitat et le tertiaire a bien entendu changé en 15
ans. Une chose n’a cependant que très peu évolué :
le schéma auquel se réfèrent les acteurs pour caractériser
le domaine qu’ils ciblent et identifier les marchés sur lesquels
ils entendent se développer.
Si l’on prend le cas du secteur résidentiel par exemple,
le schéma de référence qu’utilisaient à
l’époque les pionniers de la domotique et celui que présentent
les « nouveaux entrants » aujourd’hui (Intel,
IBM, Microsoft …) sont bien semblables : un ou des réseaux
de communication interne au logement, permettant la connexion de produits
intelligents (dotée d’une micro-électronique communicante),
une ou des interfaces de logements, reliant ces réseaux internes
et divers réseaux externes afin d’apporter de nouveaux téléservices.
2.1.2 / Une évolution lente, mais stratégique …
A ce schéma de référence, dont les mots-clefs, « système »
et « architecture de communication », sont caractéristiques,
peuvent être associés différents segments de marchés :
celui des solutions de communication permettant de rendre des produits
intelligents, celui des produits nouveaux intégrants de telles
solutions, celui des réseaux internes de communication, celui des
dispositifs de câblage, celui des interfaces logements, celui des
téléservices s’appuyant sur ces architectures de communication
interne.
Roger Torrenti[1] dans un article de la publication annuelle
de l’ADDI : Domotique et Immotique 2000 : une mise en
perspective sans frontières, p. 24., déclarait :
« Je pose fréquemment la même question aux entreprises
que je rencontre : comment considérer vous l’évolution
depuis 10-15 ans de ces « marchés associés » ?,
évitant bien entendu toute confusion possible en cherchant à
caractériser globalement le domaine par les termes domotique
ou immotique par exemple.
La réponse est la plupart du temps la suivante, que l’entreprise
appartienne au secteur de l’énergie, des automatismes ou
de la sécurité : « l’évolution
a été sensible, touche la majorité de nos gammes
existantes et a conduit à la création de nouvelles gammes.
Elle est progressive et ne concerne encore que des sous-systèmes
et, souvent, le haut de gamme, mais est considéré comme
stratégique par son caractère irréversible et parce
qu’elle touche l’avenir de nos produits, de nos services,
de nos métiers ».
Lorsque la même question est posée aux entreprises du secteur
des produits bruns, des produits blancs ou de l’informatique domestique,
la réponse apportée est de plus en plus souvent identique
aujourd’hui, bien que ces entreprises reconnaissent leur positionnement
plus récents sur ces marchés ».
Les marchés de l’habitat et du tertiaire connaissent donc,
depuis plus de 10 ans, une évolution lente mais réelle et
stratégique vers plus de systèmes, plus de communication,
plus d’intégration.
En quelques années, les progrès réalisés dans
le numérique, la croissance rapide du marché de l’informatique
domestique et l’explosion d’Internet ont amenés de
nombreux « big players » du multimédia à
de positionner de façon « bruyante », notamment
dans le domaine des Home Networks, annonçant qu’ils souhaitaient,
au-delà du partage de ressources informatiques ou d’accès
rapides à Internet, proposer rapidement des fonctions de contrôle/commande
de la plupart des appareils domestiques.
En quelques mois sont donc logiquement apparues de très nombreuses
solutions de réseaux domestiques, pour l’essentiel nord-américains,
« promettant des disponibilités commerciales rapides
et la cannibalisation à court termes des solutions « historiques ».
L’entrée en lice des acteurs du multimédia ne peut
certes que donner une impulsion certaine à l’évolution
du marché des systèmes de communication dans l’habitat
et le tertiaire. Je pense cependant qu’il convient de rester prudent
et d’éviter d’utiliser trop rapidement des tableurs
de type Excel pour prédire une explosion imminente du marché
des réseaux domestique par exemple …
Ces nouveaux entrants, qui sont habitués aux annonces « bruyantes »,
savent en fait pour la plupart (ou le découvrent rapidement) que
l’évolution de ces marchés sera lente, nécessitant
l’apprentissage de métiers nouveaux ou des partenariats par
nature complexes, et se heurtant aux mêmes obstacles auxquels les
acteurs historiques ont déjà été confrontés »[2].
2.1.3 / Le marché du confort
« En dix ans, le marché du confort électrique
a doublé, les GSB[3] ont pris 50%, le consommateur final a des
besoins de plus en plus variés, les fabricants européens
innovent, mais les installateurs freinent toujours autant le développement
du marché ; C’est ce que révèle une enquête
exclusive réalisée par Domotique News qui a interrogé
60 entreprises européennes représentant environ 80% du marché »[4].
En dix ans, le marché de l’appareillage électrique
innovant (horloge, programmateur, thermostats, variateurs etc.) a doublé
en volume et en chiffre d’affaires en Europe de l’Ouest, alors
que dans le même temps la construction baissait de façon
très sensible. « Les deux principales raisons, indique Jean-Maurice
Lima qui a mené pendant plusieurs mois cette enquête pour
Domotique News, sont l’importance du marché de la rénovation
et l’accroissement très net des besoins de confort ».
Sur l’ensemble de l’Europe de l’Ouest, les moteurs du
confort sont le besoin croissant d’équipements électriques
ou électroniques du consommateur avec ses conséquences en
matière de circuits protégés (parafoudre) de prises
supplémentaires, de variateurs plus nombreux, etc.
Simultanément on constate que le développement de l’utilisation
de l’électricité va de pair avec les économies
d’énergie. La consommation électrique domestique a
peu augmenté en dix ans. Parallèlement le besoin d’économie
d’énergie se traduit par l’utilisation d’horloge
programmable, de timer, de minuterie, de thermostats de détecteurs
de mouvement,… « Les économies d’énergie
ont généré un marché de produits électriques
nouveaux » conclue Jean-Maurice Lima. Ainsi est apparue avec ces
produits électriques plus ou moins sophistiqués correspondant
à des nouveaux besoins de confort, une nouvelle génération
de fabricant.
Sur ce marché du confort, deux acteurs sont moteurs : le fabricant
et le consommateur final.
Les grossistes montrent certaines difficultés à suivre ces
évolutions que les installateurs se refusent toujours à
considérer. Résultat : la communication s’adresse
directement aux consommateurs : « Parlez-en à votre
installateur » (publicité de Somfy, de Legrand, etc.)
contraignant ainsi l’installateur à innover. Tandis que les
Grandes Surfaces de bricolage (GSB) raccourcissent la chaîne et
proposent des installations innovantes. « En dix ans, les GSB ont
pris 10% du marché du matériel électrique »,
révèle l’enquête de Domotique News. Un taux
moyen constaté dans les principaux pays de l’Europe de l’Ouest.
Concernant les produits de confort (de contrôle régulation,
d’alarme … ) et de domotique, les GSB ont conquis, en à
peine dix ans, 50% du chiffre d’affaires du secteur.
Plusieurs facteurs confirment le décollage du marché de
la domotique, d’abord la multiplication des produits individuels
d’automatisme (de volets), ou encore de simulation de présence,
d’horloges programmables. Ensuite les progrès importants
réalisés en matière d’ergonomie : «
Les produits sont devenus conviviaux ». Enfin ces « nouveaux
produits » ne nécessitent plus de câblage supplémentaire,
ils utilisent la transmission radio, ou utilisent les courants porteurs,
ou encore le fil pilote pour les convecteurs.
« Le décollage serait plus important si, dans la construction
neuve, les installateurs prévoyaient des gaines supplémentaires
pour les équipements à venir », indique un fabricant
interrogé.
«Le marché des produits sophistiqués s’ouvre,
indique en conclusion de l’étude Jean-Maurice Lima, mais
l’installateur classique demeure un frein important tandis que l’utilisateur
final constitue le moteur. »
Une forte concentration de fabricants s’est opérée
depuis dix ans chez les généralistes comme chez les spécialistes.
Ces spécialistes de la gestion du temps, du chauffage, de l’éclairage
ont renforcé leur présence, et de « super grossistes »
sont apparus : Sonepar et Rexel (groupe PPR). Une seule profession n’a
pas bougé : celle des installateurs.
2.2 / Des normes, pourquoi faire ?
Les normes sont au cœur de l’action des industriels et des
enjeux internationaux.
Pour les installateurs, la demande en matière de normalisation
est principalement motivée par le besoin de référentiels
lors de la passation de marchés publics ou privés, pour
la réalisation de ces chantiers.
Pour les industriels, la norme est un outil de marketing. Elle sert également
de référentiel pour l’interfonctionnement, la sécurité
électrique et les marques de qualité. Elle permet d’accompagner
le développement du marché et de rassurer le client sur
une offre (il fait « un bon choix technique »).
La norme encourage aussi la recherche et le développement.
Voici quelques-unes de celles qui influencent l’avenir du marché
de la domotique avec des points de repères sur l’avancement
des travaux.
2.2.1 / Normalisation des systèmes domotiques et immotiques
Comité Cenelec TC 205, « Home & Building Electronic
Systems ». Après avoir publié des rapports techniques
sur les standards de réseaux de terrain (BatiBUS, EIBUS, EHS, …),
le TC 205 se concentre sur d’autres sujets cruciaux :
La certification, l’inspection des installations, passerelles vers
les télécoms, communication radiofréquence ou infrarouge
…[5]
Une norme d’installation et de câblage des systèmes
domotiques et immotiques est en cours de finalisation. Le TC 205 est retenu
pour la normalisation du standard de l’association Konnex[6].
2.2.2 / Régulation et gestion technique des équipements
du bâtiment
Le comité européen de normalisation TC 247 étend
son domaine d’activité. Jusqu’à maintenant,
le TC 247 traitait des régulateurs et des moyens d’aide à
la gestion technique des bâtiments : « Mechanical
and electrical building services ».
Ces normes comportent les définitions, spécifications, fonctionnalités
et méthodes d’essais des produits et systèmes pour
automatiser les installations techniques des bâtiments, elles comprennent
aussi les premières mesures élémentaires d’intégration
incluant les interfaces aux applications, aux systèmes et les services
qui permettent de mener efficacement la gestion technique, financière
et la gestion des infrastructures des bâtiments.
Les comités associés au TC 247 [7]:
- Comités CENELEC
·CENELEC / TC 205 : HBES, systèmes électroniques
pour la maison et le bâtiment.
·CENELEC / TC 72 : équipements électriques
de la maison.
·CENELEC / TC 79 : systèmes de sécurité
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- Comités CEN
·CEN / TC 89 : thermique du bâtiment
·CEN / TC 228 : installation du chauffage, à
eau chaude et électrique.
·CEN / TC 156 : ventilation, climatisation.
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2.3 / Europe, le standard arrive …
C’est le 14 avril 1999 à Francfort que neuf industriels ont
créé l’association chargée de la mise en commun
des compétences, des techniques et des ressources concernant la
convergence des bus européens pour le bâtiment. La naissance
de cette association[[8] internationale consacre la fusion de BatiBUS
Club International, European Home System Association, European Installation
Bus Association, en garantissant à l’ensemble des membres
le même niveau de services.
Standard ouvert, basé sur les principes d’installation du
réseau électrique, la Convergence intègre le meilleur
du BatiBUS, EHS, EIBus avec :
· un protocole unique,
· le choix du support (paires torsadée, courants porteurs,
infrarouge, radiofréquence),
· trois modes de configuration (plug & play, local, system),
· la garantie de l’interfonctionnement entre produits de
différents fabricants.
Ce système d’installation multi-applications s’adresse
à tous les métiers du bâtiment, pour le marché
mondial du résidentiel, du tertiaire et de l’industrie.
2 .4 / Le Label Qualité
Le but du Label de Qualité Domotique est de garantir, notamment
au client et à l’architecte, des informations et une offre
qui répondent totalement aux besoins ; une anticipation des
besoins futurs, en vue de dimensionner correctement la capacité
du système ; une installation techniquement correcte et fiable
(avec un service après-vente). Ce label de qualité
permettra à l’installateur électricien de se présenter
comme un expert certifié auprès du maître d’ouvrage.
Les industriels fabricants pourront également être labellisés.
Pensons Domotique[9] ! :
« Parler d’environnement et de bâtiment aujourd’hui,
c’est aborder un sujet qui ne laisse plus personne indifférent.
Les réglementations existent, la demande sociale aussi.
La Haute Qualité Environnementale (HQE) a fait des émules.
Là aussi, la domotique et l’immotique apportent leur contribution.
Les systèmes de contrôle de l’environnement sont de
véritables outils mis à la disposition des professionnels
(gestionnaire d’énergie et automatisme de confort notamment).
On les trouve pratiquement dans toutes les grandes familles qui définissent
la qualité environnementale : l’amélioration
de la santé et de la sécurité à l’intérieur
des bâtiments ; les économistes de ressources non renouvelables
(utilisation de matériaux sains et renouvelables notamment) ;
la maîtrise des consommations d’énergie et la réduction
des pollutions atmosphériques ; le traitement de l’eau
et les économies d’eau ; enfin, l’amélioration
du cadre de vie. La consultation nationale lancée en 1993 par le
PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture) a produit 13 Réalisations
Expérimentales HQE qui sont devenues, 5 ans après, un catalyseur
pour l’ensemble du secteur de la construction. Comme le soulignait
récemment un maître d’ouvrage, « la qualité
environnementale s’installe, les bonnes idées d’il
y a quatre ou cinq ans vont tomber dans le domaine commun ».
Voilà qui augure bien de la diffusion et de la reproductibilité
de la démarche dans le secteur du logement ! »
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Suite
[1] Roger Torrenti, PDG de Sigma Consultants
(Société d’études et de conseil dans le domaine
des technologies de l’information)
[2] propos de Roger Torrenti (PDG de
Sigma Consultants), recueillis dan la publication annuelle de l’ADDI,
Domotique et Immotique 2000.
[3] GSB : Grandes Surfaces de
Bricolage
[4] Domotique News, la 1ère
lettre des bâtiments intelligents, p. 2, N°124, Mai 1999.
Lettre disponible au format .pdf à : http://www.domotique-news.com/fr/domoticnews.htm
[5] Source : Normes et marchés,
p. 20, publication de l’ADDI, Domotique et Immotique 2000.
[6] Association Konnex : fusion
de BatiBUS Club International, European Home System Association, European
Installation Bus Association. (détails dans le chapitre 2.3 / Europe,
le standard arrive …)
[7] Source : Normes et marchés,
p. 22, publication de l’ADDI, Domotique et Immotique 2000.
[8] Association Konnex : informations
à : http://www.ehsa.com
[9] Source : Quelles filières,
quels acteurs ? p. 12, publication de l’ADDI, Domotique et
Immotique 2000.
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