B >> Le Confort
4 / Les conditions économiques du confort.
Cette description de la notion de confort donne aussi les solutions successivement
adoptées par l'homme pour résoudre les problèmes
posés par la vie quotidienne. Nous avons vu que le confort devient
de plus en plus une notion active : conformément à l'étymologie
du mot, disposer du confort c'est être rendu plus fort, plus apte
à l'action. C'est pourquoi les arts ménagers tendent sans
cesse à réduire les tâches inutiles et à donner
à l'homme l'aide des outils et de l'énergie mécanique.
Mais nous avons vu jusqu'ici, plutôt le possible que le réel.
Nous avons, en effet, étudié les solutions indépendamment
de leur prix, comme si tout le monde pouvait disposer d'un élément
du confort dès qu'il était réalisé par un
constructeur ; comme si nous ne devions pas donner à ce constructeur
quelque part de notre travail en échange de ce qu'il nous fournit.
En fait, tant que la production de biens et de services restera inférieure
aux besoins et aux désirs des consommateurs, l'homme devra rester
rationné.
Dans tous les pays du monde, collectivistes ou capitalistes, il apparaît,
à l'heure actuelle (et sans doute en sera-t-il ainsi assez longtemps
encore), que le moins mauvais des titres de rationnement est la monnaie
qui, en principe, donne à chaque travailleur, par son salaire,
le droit de prélever sur la production nationale une part égale
en valeur à son apport personnel.
Dans le monde contemporain, les peuples et les individus sont bien loin
de produire autant de biens et de services les uns que les autres. On
peut dire grossièrement que, par heure de travail, le français
moyen produit quinze fois plus que le chinois moyen et l'américain
moyen trois fois plus que le français moyen.
Il est évident que l'équipement ménager moderne ne
peut se trouver que chez les peuples riches ou dans une infime fraction
des peuples pauvres. En effet, un peuple qui n'a pas même de quoi
manger convenablement, ne peut songer à fabriquer des machines
à laver. De plus, dans ces peuples, qui sont par définition
peu industrialisés, la machine à laver, si elle était
fabriquée, coûterait fort cher, et les gens riches eux-mêmes
trouveraient plus avantageux de payer des femmes de ménage que
d'acheter des appareils[1].
Précédent <<
>> Suite
[1] Jean et Françoise Fourastier,
Histoire du Confort, Presses Universitaires de France, 1962, Éditions
Que-sais-je ?
|